Soyaux : Des entreprises s’engagent auprès des jeunes du quartier

Une dizaine d’entreprises locales sont venues la matinée du 16/12 à Soëlys à Soyaux à la rencontre des jeunes en quête d’un emploi, stage ou d’une formation. Action organisée par Le Club Entreprises S’engage (16).

Courageux ! Se présenter, expliquer ses aspirations devant une assemblée de potentiels employeurs, n’est pas un exercice aisé. « J’ai 17 ans, je cherche une alternance en commerce. J’ai déjà fait des stages, je suis dynamique et patient », se lance Seny Cissé, habitant du Champ-de-Manœuvre. La vingtaine de jeunes présents, issus de quartiers prioritaires, Soyaux, Basseau ou Bel-Air, se succèdent face à une dizaine de dirigeants d’entreprises locales. « J’ai 22 ans, je recherche un emploi dans n’importe quel domaine, j’ai déjà fait de l’animation au Flep. Je veux gagner ma vie, être autonome », lâche spontanément Erwin Nomdedeu. « J’ai arrêté l’école en première, j’ai été ouvrier viticole, je connais bien le numérique, je suis ouvert à tout », exprime Mohamed Rifaï, 22 ans, de Soyaux.

« Ouvrir des portes, un réseau à des gens qui n’en ont pas. »

Faire bouger les lignes

L’action « Patrons dans ma Ville », organisée par Le Club Entreprises S’engage (16), visait à faire se rencontrer deux mondes qui se connaissent peu. D’un côté, une dizaine d’entrepreneurs locaux de secteurs différents, de l’autre, des jeunes vivant dans les cités à la recherche d’un emploi, un stage ou une formation. Cette première initiative a été réalisée en partenariat avec les responsables insertion des centres sociaux Flep et le CAJ Bel-Air/Grand-Font, qui suivent régulièrement ce jeune public dans leur quête d’avenir. « Ils ne sortent pas facilement du quartier, manquent de confiance. On travaille beaucoup sur la mobilité et l’estime de soi. Ce face-à-face permet de mettre en valeur leurs compétences et leurs envies devant des chefs d’entreprise qui ont besoin de recruter », note Imanne Congard-Nouali, responsable insertion, familles et épicerie sociale au Flep, le centre social de Soyaux. «Le Club Entreprises S’engage 16 représente 148 entreprises inscrites dans le département. L’objectif de cette communauté est d’accompagner les jeunes, les personnes en situation de handicap, les publics vulnérables, sous main de justice, dans un souci d’inclusion », explique Fabienne Burguet, responsable de l’organisation.

Le savoir-être

« Ce type de rencontre ouvre des portes, un réseau à des gens qui n'en ont pas. Si les entreprises ne viennent pas vers eux, les jeunes ne les verront peut-être jamais de leur vie », concède l’adjoint au maire Jérôme Grimal. Étaient également présents la Mission Locale, France Travail, des représentants du Département et de GrandAngoulême. Les chefs d’entreprise venant de la grande distribution, d’une enseigne de meubles, restauration rapide, banque, du bâtiment et de l’industrie, devaient eux aussi se raconter. L’envie, le savoir-être, les talents ont été largement évoqués. « La volonté fait toute la différence », avance Laurent Marquet, de l’enseigne Conforama qui a rencontré « cinq jeunes dont trois que je vais revoir ultérieurement. Ils ont envie de travailler et de s’en sortir. Ce type d’initiative est très positive, elle fait bouger les lignes et force les portes », reconnaît-il.

Un jeune talent photographe, récompensé

Léon Ndatimana, Sojaldicien d’origine rwandaise, âgé de 22 ans, présent ce lundi à Soëlys afin de trouver du travail, s’est aussi fait remarquer pour son talent de photographe par le Club d’Entreprises S’engage (16). À la fin de la matinée, Fabienne Burguet, chargée de l’action « Patrons dans ma Ville » a salué l’œil artistique du jeune et lui a remis un chèque de 150€ pour l’aider à acheter du matériel photo. « Je suis très heureux, je ne sais pas quoi dire. C’est important pour moi de montrer la beauté qui m’entoure », confie-t-il. Une série de dix clichés évoquant principalement des paysages angoumoisins, ont été exposés à l’occasion de la matinée, dont l’impression a été financée par CES 16. Léon Ndatimana a été repéré par Fabienne Burguet, lors du concours de photographies organisé par Territoires Nouvelle-Aquitaine, qu’il a gagné et dont Charente Libre s’est fait l’écho. « J’ai vu le papier dans votre journal, trouvé sa photo très belle et me suis renseignée pour trouver ses coordonnées. Je lui ai proposé de faire des tirages de ses autres photos et l’encourager à continuer », appuie-t-elle.

Par Corine MAYSOUNABE, publié le 16 décembre 2024 à 15h03.