A Crouin, "des patrons dans ma ville", pour l'insertion des jeunes

Onze entreprises et vingt jeunes de moins de 26 ans. Vendredi matin, dans le quartier de Crouin à Cognac, le club de Charente des « Entreprises s’engagent » a organisé une rencontre « Patrons dans ma ville », pour mettre en face-à-face, entreprises qui recrutent et jeunes en recherche d’emploi.

D’un côté de la table, une dizaine de responsables de recrutements ou d’entreprises ; de l’autre, une vingtaine de jeunes, originaires du quartier de Crouin. Toute la matinée, ils se sont rencontrés en face-à-face, « on s’était donné des rotations de cinq minutes mais parfois ça a pu durer plus longtemps », précise Douzia Rezzouki, animatrice au club « Les entreprises s’engagent » de Charente (150 entreprises).

Ce genre de speed dating de l’emploi est organisé pour la première fois à Cognac et la seconde fois en Charente. « On a un intérêt pour les jeunes et un besoin de recrutement, pour faire découvrir les métiers et les formations proposées en interne. Lors de la première édition à Soyaux, ça a permis de faire des stages, des formations, créer des opportunités. »

« L’absence de véhicules, c’est le frein principal. »

Avant les rencontres individuelles, entreprises et jeunes devaient se présenter en quelques minutes devant l’assemblée. Le Crédit agricole, la Poste, Hennessy, Seguin Moreau, Rouby Industrie ou encore Safran et Lidl avaient fait le déplacement. L’enseigne allemande recherchait cinq personnes pour l’ouverture en mai d’un magasin sur Saintes. « On a des postes en CDI, en équipier polyvalent », entendez la mise en rayon, la caisse et la cuisson du pain. « On a senti une bonne préparation des jeunes, les échanges étaient plutôt qualitatifs, il y a eu un bon ressenti », explique Aurélie Donineaux, responsable recrutement régional.

Les jeunes étaient envoyés par les Missions Locales, Cap Emploi, ou encore France Travail. « Le critère pour les inscrire à cet événement, c’est qu’ils vivent dans ce quartier », indique Christophe Ladrat, chargé de relations entreprises pour la mission locale Arc Charente (Ruffec-Confolens-Cognac-Barbezieux), « un élément bloquant, c’est la mobilité, l’absence de véhicules, c’est le frein principal ».

Des retours positifs

« Cela nous permet de semer des cailloux et d’apprendre à parler de nos métiers autrement. » Isabelle Bobe, la directrice de l’AFC (association familiale de la Charente) recherche une vingtaine de personnes sur tout le département pour renforcer son équipe de 180 personnes. Elle partage sa table avec Vincent Hoffer, le directeur de la fédération des ADMR de Charente (800 salariés), qui veut recruter de son côté, une trentaine de personnes.

« Ces actions sont importantes car quand on voit le nombre de jeunes qui ont besoin d’être réorientés, c’est indispensable. » « On a rencontré au moins trois personnes qui ont un début de parcours dans l’aide à la personne, d’autres sont venus par curiosité. On peut venir sans rien, et on peut faire une semaine d’immersion », ajoute Isabelle Bobe.

Parmi les candidats, Vanessa Chaignolleau : « J’ai rencontré les associations d’aides aux domiciles, je pense que ça va déboucher, c’était intéressant ». La jeune femme, diplômée en service à la personne et en petite enfance ne trouve pas d’emploi. Elle est venue grâce à la Mission locale et espère trouver des contrats courts avant d’avoir son diplôme d’Atsem (aide aux enseignants en maternelle).

Kemiran Hilfen, 19 ans, a lui bien échangé avec la représentante de la Poste. Ce Syrien arrivé en France en 2023 n’a aucun diplôme, mais travaille pour l’instant dans une entreprise d’embouteillage en CDD. Il espère que cette journée lui permettra de trouver un emploi à longue durée. « Je vais postuler pour le stage d’immersion. »

Par Julie SICOT - j.sicot@charentelibre.fr, publié le 31 janvier 2025 à 16h23